Anaïs Lancrenon
Graphiste
Le Surréalisme
D’abord et toujours
Éditions du Centre Pompidou / 2024 / 220 × 320 mm / 344 pages / relié.
Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition «Surréalisme» présentée au Centre Pompidou et organisée à l’occasion du centenaire de la publication du Manifeste du surréalisme.
L’idée première du catalogue était de présenter deux approches du surréalisme. Aussi bien les œuvres des artistes que l’engagement politique du mouvement. Pour cela l’idée très forte des commissaires était de faire un livre recto-verso permettant une double entrée dans l’ouvrage avec deux premières de couverture. Les informations présentes habituellement en 4e de couverture comme le code barre sont rejetées sur le dos. Ainsi, d’un côté, le lecteur plonge dans une partie poétique avec la présentation des œuvres mises en valeur par un papier blanc couché velouté. De l’autre côté le lecteur suit l’évolution politique du mouvement cette fois sur un papier bouffant évoquant les papiers utilisés pour les tracts, affiches, journaux. Pas de hiérarchie entre les œuvres et l’engagement politique. Ces deux parties sont mises sur un même pied d’égalité. La première page de chaque côté du livre affirme très fortement par une citation d’André Breton la position des surréalistes «Transformer le monde, a dit Marx. Changer la vie, a dit Rimbaud: ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un».
Ce livre recto-verso devient aussi un objet ludique évoquant le jeu, thème cher aux surréalistes. Sur la couverture rigide, la reproduction de chaque côté du livre d’une carte du Jeu de Marseille réalisée par les surréalistes, est également lisible dans les deux sens et joue encore les multiples sens de lecture. Au centre de l’ouvrage, dans une lecture verticale, sur un papier jaune teinté dans la masse, se trouvent quelques pages du facsimilé du Manifeste du surréalisme.
J’ai choisi comme typographie le Boogy Brut de la fonderie Bureau Brut. J’aime particulièrement la force de ce caractère et notamment les capitales de la version «Poster» que j’ai utilisées pour le titrage. Les terminaisons singulières sur certaines lettres comme le «A» donnent une identité forte et poétique aux sections du livre: Chimères – Rêves – Labyrinthe – Mélusine – Alice…
Le découpage du mot «Surréalisme» en 3 parties sur la couverture fait référence à la mise en page de l’alphabet du surréaliste Jindřich Heisler par Pierre Faucheux dans Les manifestes du surréalisme de 1955.